à propos du film " La vache"
Compte-rendu des échanges tenus lors de la Ciné-Rencontre du 24 novembre 2016.
« La vache » est un film de Mohamed Hamidi. Acteurs principaux : Fatsa Bouyahmed, Lambert Wilson et Jamel Debouze. France, 2016.
Lors d'un bref tour de table, on s'interroge d'abord sur le titre de ce film....qui n'est pas d'emblée accrocheur. On suggère 'Le Voyage de Candide ', en rappel du Candide de Voltaire et qui se présente lui aussi un peu comme un conte philosophique sur les vertus de la solidarité humaine.
Tout un contraste entre ce qu'on entend actuellement sur l'Algérie, pays pas trop invitant pour les touristes, à cause des actes terroristes , véritable 'Pays du Diable ', et ce qui nous est présenté ici : un petit village paisible, en bordure du désert, où vit Fatah, un simple paysan, attaché à sa terre et surtout à sa vache, qu'il a nommée Jacqueline parce qu' elle est d'origine française. Cet homme, bien que jugé un peu simplet par les autres villageois, recevra leur appui financier et leurs encouragements pour se rendre à Paris, au Salon de l'Agriculture, avec sa vache ! Il quittera donc Naima, son épouse et leurs deux filles qu'il aime tendrement, pour un périple de plusieurs mois, dont l'issue reste incertaine, vu la longueur du trajet à parcourir à pied pour l'homme et sa vache.
Ce qui nous a le plus frappés
- Cet homme qui chante en travaillant sa terre a utilisé son cellulaire pour apprendre des chansons françaises et il s'efforce de communiquer son amour de cette langue à ses deux filles, bien que ce soit l'arabe qui soit utilisé à la maison comme langue de communication “ le français est aussi enseigné à l'école par l'institutrice qui semble la seule en mesure de le parler, le lire et l'écrire.
- Sa simplicité bon enfant, qui rappelle le jeu de Fernandel, celui-là même qui avait joué dans « La vache et le prisonnier » ; son entrain et sa bonne humeur , malgré les difficultés de ce voyage; sa confiance envers les autres ; son honnêteté ; la chaleur de ses rapports avec ceux qu'il croise, qui contraste avec la distance respectueuse qu'il paraît établir avec sa conjointe..... qu'il ne serrera même pas dans ses bras, à son retour, alors que tous deux semblent profondément émus de se retrouver.
- Le rôle des média sociaux, tant celui du cellulaire qui fera en sorte que Naima reçoive des photos du ....baiser qui faillira causer la séparation du couple, que celui de la TV française qui s'emparera de cette nouvelle et permettra, tant aux français qu'aux algériens de suivre chaque jour le périple de Fatah, de Marseille à Paris, en passant par Montelimar...
Les scènes les plus inspirantes
- Quand le Comte l'invite à écrire à Naima pour qu´il la rassure sur son amour pour elle....mais qu'il ne veut surtout pas l´appeler ma chérie,.... puisque c'est sa femme !
- Quand il chante, sous l'effet de la ... Poire et qu'il exprime tant de joie de vivre
- Quand il fait rire les employés du Comte par ses réparties, ce qui intrigue et presque f che celui-ci, qui vit une dépression en raison de sa situation financière, et qui finira non seulement par l'inviter à sa table, mais aussi par répondre à son appel de la prison...et à les accompagner, Fatah et son beau-frère, jusqu'au Salon de Paris.
- Quand les enfants se moquent de lui en répétant : « C'est à cause de la poire ! »
- Quand la situation semble désespérée à la fin, parce qu'ils arrivent trop tard, et que le beau-frère, bravant les interdits, se précipite pour haranguer la foule au Salon.....ce qui obligera les autorités à attribuer à Fatah et Jacqueline le Prix du public .....
Nous sommes frappés aussi par son écoute et son attitude bienveillante qui pousseront les autres à s'aider eux-mêmes, le comte à dédramatiser sa situation et à retrouver le sourire et l´entraide, le beau-frère à reprendre contact avec son père en Algérie, en lui téléphonant pour lui annoncer sa venue prochaine, avec sa conjointe française et leurs deux beaux enfants...
Non seulement la France, mais aussi toute l'Algérie était derrière lui....et les spectateurs en ressortent comblés et reconnaissants à Hamidi de nous avoir offert un film aussi tendre et émouvant.
Céline, notre animatrice, nous invite à consulter le site de l'Association des Evêques du Québec où on parle de Solidarité et nous invite à la prochaine rencontre du 26 janvier, où pourrait être discuté « La Fille inconnue » ou encore « Le fils de Jean », deux films où on enquête sur la disparition d´un être cher.... A confirmer en temps et lieu.
Citation des paroles du Comte, à la fin du film : «Tu as traversé la mer, tu as traversé la France, mais aujourd'hui, tu as aussi traversé nos curs.... »
Un Joyeux temps des Fêtes à chacun, chacune !
Janine Flessas