Compte-rendu : Edmond
Voici un compte rendu à propos du film d'Alexis Michalik, Edmond, où le réalisateur évoque comment l'inspiration a pu venir à Edmond Rostand pour écrire en quelques semaines son chef-d'oeuvre thé tral : Cyrano de Bergerac.
Rappelons que Michalik, n'ayant pas reçu de financement pour le projet de ce film, offrit son scénario au Thé tre du Palais-Royal, où la pièce remporta un tel succès que l´auteur fut en mesure de réaliser ce film.
Le comédien Olivier Gourmet joue Constant Coquelin, le directeur de la troupe, et interprète de Cyrano, le héros flamboyant, tandis que Thomas Solivérès interprète le timide écrivain, Edmond Rostand. L´écrivain bien connu mais qui, dans la jeune trentaine, ne croyait pas à son talent, alors que spontanément il exprime toute la magie des mots avec aisance, à la demande de Coquelin et qui, soudainement, devient prolifique dans des lettres qu´il enverra à Jeanne, sa nouvelle muse, interprétée par Mathilde Seigner. Cette dernière sera tour à tour Jeanne l'habilleuse séduite par la verve des propos qu'elle attribue à tort à Louis, le bel acteur de la troupe, et Roxanne, dans la pièce, qui vit les mêmes troubles amoureux. Un parallèle amusant qui démontre que bien souvent l´inspiration de la création provient des péripéties de la vie.
Impressions des participants(es) :
- Un classique, plaisant à revoir et à réécouter, filme à la fois sérieux et amusant.
- Impressionnant par son rythme et la fougue des dialogues.
- Surprenant par l'évocation très inventive des sources possibles d'inspiration à l'origine des monologues que Rostand attribuera à Cyrano.
- Léger et tourbillonnant, comme le qualifiera le critique du Journal de Montréal.
Plusieurs parallèles ont été évoqués dans nos échanges, entre autres le film sur Mozart, Amadeus de Milos Forman, qui raconte la vie de ce génie, lui aussi grand improvisateur.
Le personnage d´Edmond qui se voit forcé d'écrire une nouvelle pièce pour sauver le thé tre de la faillite et qui découvre soudain l'inspiration, en rencontrant Coquelin qui lui fait confiance. Tout comme Bizet, dans Le Mystère Carmen d'Eric-Emmanuel Schmitt qui, faisant fi des sonates à la mode, produisit Carmen, son oeuvre magistrale, même si celle-ci sera boudée pour un temps par le public.
On mentionna aussi le lien entre la sculpture de « Les trois Gr ces » de Botticelli et la théorie du triangle amoureux où la présence d´une troisième personne dans les couples amoureux sert souvent de bougie d´allumage. Comme si le chiffre trois symbolisait le mieux cet échange amoureux. « Il y a Toi, y´a l'Amour et y a Moi », dit la chanson de Brel !
Le triangle amoureux constitué d'Edmond, de Jeanne et de Louis est transposé en Cyrano, Roxanne et Christian, mais contrairement à Feydeau, auteur de la même époque, où les maris ne se gênent pas pour tromper leurs femmes, et vice et versa, les amours ici sont chastes et proviennent du coeur.
En effet, on s´est questionné aussi sur la surprenante capacité de l´auteur à ne pas tomber amoureux de sa muse, Jeanne. Pour une fois, un artiste sépare judicieusement sa vie personnelle de ses activités professionnelles. Bien qu´il « titille » la jeune demoiselle amoureuse de son ami Louis, Rostand demeure amoureux et fidèle à sa femme, même si cette dernière n´est plus sa muse (la vie de famille et les enfants changent la donne ). Une finale bien choisie et remplie d´actions jusqu´à la fin puisque les difficultés et les embûches seront nombreuses. Une chance que le personnage d´Honoré, qui en a bien vu d´autres, viendra fouetter les troupes. Les artistes ne sont-ils pas là pour briser les conventions et créer la magie ?
Dans l'ensemble, une oeuvre appréciée de presque tous les participants et leur donnant peut-être l'envie de la revoir !
Par Janine Flessas et Anne-Marie Labelle (révision)