Compte rendu : « Parcours d´un jeune imam »
Dès le départ, nous retrouvons un jeune homme sympathique, avec un bon sens de l´humour. Il nous partage : « Je ne suis que le petit jeune de la salle ». Cependant, je ne me souviens pas l´auteur de cette citation.
Il nous présente son témoignage en quatre temps : ses origines, ses voyages, l´Égypte et Montréal.
Ses origines
Comme il l´explique, ses origines particulières imposent souvent cette question qui revient presque à chaque nouvelle rencontre. Il est né d´un père syrien et d´une mère française normande. Son père est médecin cardiologue et sa mère infirmière. Sa mère a deux surs qui sont religieuses. Il est donc né avec deux religions et deux cultures. Ils sont cinq enfants dans la famille ; trois filles et deux garçons. L´ouverture au dialogue a débuté très tôt par la famille de sa mère. Le dialogue, c´est « apprendre à connaitre l´autre ».
Son éducation s´est poursuivie dans un milieu où la foi n´était pas très pratiquée, alors comment grandir dans ce milieu quand on est jeune ? Son père leur laissait une grande liberté, mais pas avec un laisser-aller. « Tu prends tes décisions, on ne t´oblige à rien, mais on t´accompagne sans te forcer. »
C´est donc avec des parents croyants et pratiquants, il a choisi son chemin. Même lors de vacances dans un parc d´attractions, lorsque le papa indique que c´est l´heure de la prière, il trouve normal de chercher un lieu tranquille pour la faire. C´est la même chose au Lycée. Cette motivation lui vient de l´intérieur par l´éducation de ses parents.
Sa mère voulait que la famille connaisse différents milieux arabes et s´imprègne de la langue. Ce sont les voyages qui commencent.
Les voyages
à l´ ge de cinq ou six ans, la famille déménage au Qatar et ensuite en Arabie, ça dure environ sept ans.
Son père aimait beaucoup les voyages. Les voyages lui ont appris à découvrir l´humanité ; comment nous formons une famille. Comme tout le monde, ils aiment rire, fonder un foyer et le bonheur. Son père a aussi une relation importante avec la nature et toute la création. « Il aime la nature comme on aime un ami ». Il a un rapport humain très facile, il est chaleureux. à la maison, la transmission est très importante, c´est la richesse de la diversité. Mahdi Tirkawi a même épousé une somalienne « pour un peu plus de diversité », on le constate. Ils se sont rencontrés durant un cours de langue arabe qu´il donnait. Ils ont maintenant 3 enfants.
Il nous a raconté comment ses parents se sont rencontrés. Si vous voulez connaitre cette histoire au complet, il faudra visionner la vidéo de son témoignage qui sera mise en ligne prochainement. Ce récit décrit bien comment le temps de réflexion est important dans la vie.
Égypte
Tout jeune, Mahdi a toujours eu envie d´en savoir plus, il disait qu´il voulait faire des études religieuses. Il savait qu´il irait étudier l´Islam. à 18 ans, il est allé en Égypte, une tante y vivant déjà . Il étudie à l´Université Al-Azhar, renommée pour son ouverture. On y enseigne différentes spécialisations, pas seulement la religion.
Il se dirige vers le droit musulman après avoir fait une année de préparation à son entrée. Il y étudie durant quatre ans en comparant les différentes écoles de pensée. De la manière moderne dans un auditorium ou de la manière traditionnelle dans les mosquées, assis par terre en petits groupes, il s´enrichit avec des professeurs de grande qualité. Il côtoie aussi des élèves qu´il respecte beaucoup.
Alors qu´il étudie en Égypte, il vit dans le Vieux Caire. Un jour, il reçoit un appel de son père, alors qu´il est presque au moment de finir son bac. Celui-ci lui fait part d´un poste disponible à Montréal.
Montréal
C´est ainsi que le 11 septembre 2011, il arrive à Montréal. Il est engagé à mi-temps comme imam secondaire au Centre communautaire Laurentien de Montréal. à son arrivée, l´imam principal doit partir et il se trouve à lui succéder.
Il décide de faire une maitrise en sciences des religions et s´installe définitivement à Montréal en 2012.
Être Imam, c´est une fonction de direction pour la prière. Il se considère simplement comme un maillon dans la chaine. Il ne se considère pas comme un savant, mais celui qui transmet ce que savent les savants en le vulgarisant pour que tout le monde comprenne.
Il dirige la prière du vendredi, il donne des cours et réalise des projets avec différents groupes pour allier la spiritualité et la vie. Il est allé chercher un certificat comme formateur et enseigne également dans une école secondaire et une école en ligne.
Répondant avec plaisir aux différentes questions qui lui ont été adressées, il nous laisse avec quelques pensées :
Il fait partie du dialogue inter religieux là où il y a de grands défis au niveau du dialogue. Il nous dit que souvent la difficulté de bien dialoguer vient de la méconnaissance de l´autre. La religion est une partie de notre quotidien, de notre humanité. On y touche de vraies questions pour mieux se connaitre les uns, les autres. En s´apprivoisant et ça va mieux.
Au sujet des femmes au sein de l´Islam, il nous explique qu´elles sont également appelées à faire des études et cela, depuis l´ère du prophète Mahomet. « Lis », c´est le premier mot que Dieu a dit à Mahomet et cela s´applique à tous.
Dans l´Islam, il y a une éthique : le plus poli possible. Il y a l´Islam bien sûr, mais il y a des musulmans, hommes et femmes dans un esprit de fraternité. Personne n´est dans un moule. La prière est importante par contre il y a une grande souplesse.
à la question : est-ce que l´intégrisme vous fait peur ? Il a répondu oui. Il est normale d´avoir peur de l´intégrisme et par méconnaissance, il est souvent facile de mettre cela sur le dos de l´Islam.
Si vous voulez entendre cette conférence, ou plutôt ce témoignage du jeune Imam Mahdi Tirkawi, surveillez notre site Internet ou notre page Facebook et bientôt vous pourrez revoir cette rencontre enrichissante.
Marianne Daudelin