à propos du film "Brooklyn
Le 21 janvier 2016, à Ciné-rencontre, on discutait de "Brooklyn", uu film du réalisateur John Crowley.
Le groupe Ciné-rencontre était constitué de 5 hommes et 9 femmes se partageant presque également deux points de vue opposés : la situation des amoureux est crédible ou elle n´est pas crédible. Les réactions émotives étaient, en conséquence, très bien campées. Le film pouvait paraître long et banal si "Eilis" n´a pas raison de cacher son engagement secret à ses parents. Ou bien, si cette femme influençable et hésitante a une conduite intérieurement correcte, le film prend une valeur d´exemple assez compréhensible.
Pour mettre en relief tout ce que le film suggère mais ne dit pas, il fallait saisir le contexte catholique des années 50 pour une Irlandaise et un Italien, tous deux émigrés au pays d´une liberté à construire. Le climat est plein d´humour dans la famille d´origine italienne tandis que, chez le petit monde bourgeois irlandais, on manigance des arrangements plus ou moins "honnêtes" avec des tensions sérieuses.
Le film est construit pour ne pas révéler, sinon avec l´acuité du regard, les jeux subtils et les enjeux réels d´un combat de libération pour une jeune femme intelligente mais plutôt timide ou réservée. Ce caractère secret peut-il réussir à "prendre sa place" en s´imposant et en faisant mine de ne pas s´imposer? Une telle question est renvoyée aux amateurs de cinéma avec une douceur imperceptible.
Les commentaires d´une Irlandaise de souche (Niamh de Buitlear) ajoutent une touche d´authenticité aux caractères bien trempées qui se réservent une part importante de leur « vérité », sans trop se soucier de ce que penseront les autres. C´était comme ça qu´on vivait les relations familiales à cette époque : une certaine froideur, mais pour mieux respecter le mystère de chaque personne! Ce témoignage aide à "comprendre" ce qui paraît incompréhensible à qui n´est pas Irlandais.
Le mal du pays a été souligné comme facteur important dans ce film. En retournant dans le pays natal, il y a des influences qui renaissent dans l´ me et font que tout ce que l´on porte au-dedans de soi prend des dimensions inexplicables. Un tel bonheur a été ressenti dans le groupe de partage; ce fut une soirée inoubliable!
Gilles Guérard
le 22 janvier 2016