à propos du film "Pour vivre ici"

Janine Flessas rend compte de la ciné-rencontre portant sur le film de Bernard Emond "Pour vivre ici", qui eut lieu le 22 mars à  Chemins de vie.

Après notre Ciné-Rencontre, j'ai eu l'occasion de lire 3 coupures de presse, à  propos de ce film. Je vous en fais part avant de rapporter le contenu de nos échanges.

François Lévesque, dans le Devoir :
« Ce film marque la 4ème collaboration entre le cinéaste Bernard Emond et son actrice Élise Guilbault. C'est l'histoire de Monique, confrontée à  tout ce qui a disparu, outre son époux : sa proximité avec ses enfants, l'église de son village natal en Ontario, la ferme de ses grands parents.... Bernard Emond a dit : « On ne peut pas revivre le passé, mais on continue de le porter en soi ». Ce film se révèle l'oeuvre la plus lumineuse de ce cinéaste, au propre comme au figuré. Il baigne dans la lumière, celle du soleil qui se reflète sur la neige, autant que celle qui émane du regard d'Elise Guilbault.... »

André Lavoie, collaborateur au Devoir :
« Monique marche seule, dans une ville où personne ne marche et personne n'y meurt.... Elle fait un voyage sur les ruines de son passé et peut-être aussi de tout le peuple québécois..., ce qui en fait un film imprégné d'ascétisme et de pessimisme..., un émouvant périple de la mémoire, celle d'une femme éplorée mais aussi d'un peuple aux traditions effritées. Porté par la voix mélancolique d'Angèle Coutu, la narratrice, le film révèle la beauté et l'immensité des paysages de Baie Comeau. »

Maxime Demers, Le Journal de Montréal :
« Comme dans tous les films de Bernard Émond, le rythme est lent, voire contemplatif. L'émotion passe dans les silences, le regard et le non-dit. Par sa forte présence à  l'écran, Élise porte sur ses épaules ce beau film gracieux et lumineux qui mérite d'être vu ! »

En dépit de l'unanimité de ces éloges, le film n'a pas reçu un accueil aussi enthousiaste de la part des 11 participants à  notre Ciné Rencontre. On peut dire que les avis ont été très partagés. Pour les uns (es), le film traduit en effet un absolu au-dedans de l'existence, une marche éperdue pour survivre en silence, malgré l'effritement du passé...., un film apaisant et cohérent, traitant du processus du deuil, même si chacun serait porté à  vivre cette expérience à  sa façon. On rapporte que pour certaines personnes, et surtout pour certaines cultures, le deuil d'un être cher est vécu de façon excessivement bruyante et extériorisée, alors que pour d'autres, c'est une démarche tout aussi souffrante, mais vécue dans le silence et l'intériorité, comme on l'a vue dans ce film.

Plusieurs ont été dérangés par l'absence ou presque de dialogues, la voix off, tout au long du film, les prises de vue interminables sur le visage de l'actrice, le manque de récit qui ne nous permet pas de comprendre ou même de ressentir les émotions de Monique.., ce constat pouvant aller jusqu'à  dire que c'est un film ennuyant et difficilement supportable !...Même la fin apparaît ambiguë à  plusieurs....Ce retour à  Baie Comeau, après son hospitalisation est-il crédible?.. Que va-t-elle y faire ?... Les seuls sentiments que tous partagent sont l'émerveillement devant ces paysages enneigés.... et l'étonnement de constater comment les perceptions peuvent être si diamétralement opposées entre les participants.

Janine Flessas

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