Comme un film d'époque

Comme un film d´époque

Le dimanche 3 janvier dernier, comme tous les dimanches depuis le début de la pandémie, j'ouvrais la télévision pour écouter la messe. C'était la fête de l'Épiphanie. Le Jour du Seigneur est diffusé à partir de l'Oratoire Saint-Joseph de Québec, à la résidence des sœurs de Saint-Joseph de Saint-Vallier.  Je m'attendais, comme c'était le cas depuis plusieurs mois, selon les consignes données par la santé publique et le gouvernement, à une assemblée de religieuses espacées des deux mètres réglementaires, au prêtre masqué qui se servait lui-même et qui n'oubliait pas la désinfection avant de distribuer la communion et à un nombre limité de personnes pour l'animation. Noël et le dimanche de la Sainte-Famille nous avaient même présenté une chapelle vide de ses participantes habituelles. Étaient-elles confinées à cause d'une éclosion dans la communauté ?

Ce jour-là, surprise ! On nous présente une assemblée occupant la presque totalité de l´espace, des hommes, des femmes, côtoyant les religieuses qui les accueillent en leur oratoire, sans distanciation, sans masques. Deux prêtres, accompagnés de plusieurs intervenants, montant en procession d'entrée la grande allée sous les chants nourris des fidèles. Un échange de la paix des plus chaleureux en rapprochements et en poignées de main. On était en rediffusion évidemment. Mais j'étais littéralement sous le choc; c'est comme si j'assistais à un véritable film d'époque. 10 mois de nouvelles façons d´approcher les gens, 10 mois à se tenir à  distance, 10 mois à voir l'autre comme une menace. Je réalisais comme tout cela avait changé nos repères, notre mode d´être ensemble et notre vision de la communauté.

Parfois je crains que nos relations ne soient plus jamais les mêmes, que la belle spontanéité et la chaleur de nos élans d'affection et d'amitié soient refroidies à jamais. Mais je m'oblige à croire que si nous avons réussi à nous habituer à  une situation aussi aberrante et contre nature, nous serons capables de retrouver nos désirs de tendresse et d'intimité, de laisser nos cœurs suivre leurs élans vers l´autre pour réconforter et bercer. Vienne le printemps de nos communautés rassemblées, vienne la renaissance de notre humanité!

Yvonne Demers
29 janvier 2021

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