Compte rendu : 90 minutes avec Safia Bachard
Rencontrer Safia Bachard, c´est rencontrer une femme bien ancrée dans sa féminité, ses diverses appartenances, sa foi et sa spiritualité. Héritière de sa culture africaine, plus particulièrement nigérienne, elle a aussi intégré la modernité et la culture occidentale par ses études et ses parcours de vie dans différents pays africains et européens, son père ayant épousé une carrière diplomatique.
Safia parle avec émotion de sa mère décédée accidentellement lorsqu´elle avait une dizaine d´années. Avec un brin d´humour, elle se compare à Cendrillon, lorsqu´elle parle de sa relation avec sa belle-mère, mais se dit reconnaissante d´avoir pu se réfugier dans l´affection de ses 39 tantes et oncles, son grand-père ayant épousé 4 femmes comme cela est permis dans l´Islam traditionnel.
Peu de temps après le mariage, un mariage d´amour tient-elle à préciser, le jeune couple part tenter sa chance aux États-Unis où il y vivra durant 4 ans. Devant la difficulté à obtenir la citoyenneté américaine, la petite famille “ un garçon naîtra de leur union- vient s´installer au Canada, il y a de cela 14 ans.
Malgré sa compétence et son expérience en informatique et en économie, Safia a choisi de demeurer à la maison pour être davantage présente à ses enfants. Elle n´est pas oisive pour autant; elle offre ses services bénévoles dans 2 des écoles de ses enfants et au centre communautaire islamique de Brossard.
Ses valeurs d´accueil et de partage, elle les tient de sa famille dont la maison était toujours ouverte pour recevoir et aider parents et voisins. Toute petite, selon son témoignage, elle était déjà éveillée à la dimension spirituelle et religieuse malgré que son père, à ce moment-là , se disait athée. Elle était avide de connaître et de réciter des prières qu´elle glanait dans différentes traditions religieuses. « Je connaissais et récitais par coeur le Notre Père. »
Puis, avec la conversion de son père, elle s´est mise à étudier et à approfondir le Coran et les écrits des maîtres. Désormais fervente « adoratrice » de l´Unique, elle transmet ses connaissances et convictions aux jeunes qui fréquentent l´école coranique à la Mosquée. Intéressée et engagée dans le dialogue interreligieux, on ne sent chez-elle aucun prosélytisme, au contraire, elle cherche plutôt à comprendre la recherche et à la démarche spirituelle de l´autre pour mieux fraterniser et détruire les murs qui séparent et marginalisent.
Yvonne Demers