Compte rendu : « Appelé pour aller en mission au Québec »
Lorsque le Christ a dit à ses disciples : « Allez par toutes les nations, faites des disciples. », Charles ne réalisait pas que cette parole s´adressait à lui.
Dans le cadre des Rencontres témoignages, Chemins de vie recevait, le dimanche 20 octobre, le Père Charles Mangongo, membre des Religieux de Saint-Vincent-de-Paul. En ce jour du Dimanche missionnaire mondial, devant plus d´une centaine de personnes, il nous a raconté ce qui l´a amené en mission au Québec !
Le père Charles est né en 1975 en République Démocratique du Congo (RDC), dans la province d´Équateur, d´une famille profondément chrétienne de sept enfants (trois filles et quatre garçons). Il a un frère jumeau, Jean-Bosco.
à 14 ans, il a perdu son père. Veuve à 39 ans avec 7 enfants, sa mère et lui ont toujours été très proches l´un de l´autre. Vers l´ ge de 15-16 ans, il a un désir de servir Dieu comme prêtre séculier, mais la vie lui a toujours apporté beaucoup de questionnements.
Dans sa ville, Kinshasa, il y a beaucoup de pauvreté, causée par trop de corruption. Charles évoque alors brièvement la situation géopolitique de son pays.
En 1998, il est aspirant dans une paroisse de Kinshasa, en recherche de communautés comme d´autres de ses collègues. Il rencontre alors un père, religieux de Saint-Vincent-de-Paul (RSVP). Finalement avec un groupe de 15 jeunes, il va cheminer pour entrer dans la communauté des RSVP. Après les études préparatoires, les trois ans de philosophie et le noviciat, il devient professeur temporaire pour les trois années suivantes. Il poursuit sa formation avec un stage pour rencontrer des lépreux. Après cette année de stage, il poursuit cinq années d´études universitaires.
En juillet 2009, il est nommé au Scolasticat comme formateur pour des étudiants, économe de la communauté et vicaire de paroisse. C´est à ce moment-là qu´on lui parle de l´envoyer en mission au Canada à cause des besoins urgents.
C´est pour lui une nouvelle très difficile à avaler, car il pense aux conséquences : perdre les amis, la belle nature de son pays, être éloigné de la famille et surtout séparé de sa mère.
Les dés étaient jetés, il dit oui une semaine plus tard, quand le Père Lucien a réussi à le convaincre. Il s´est alors rappelé la parole de Dieu à Abraham : « Quitte ton pays, va vers » Genèse 12, 1-5. Charles ajoute : « Abraham avait 75 ans, moi pas ! ».
« On était tous disciples missionnaires, c´était excitant, mais la peur m´envahissait. Il en a fallu du temps : visa, passeport, les adieux aux amis, la famille et finalement ma maman. »
Il était attendu en octobre 2010, mais les deux premières demandes ont été refusées. Heureusement, la troisième est acceptée, mais pas pour quatre ans comme demandés ; pour six mois seulement. Arrivé le 23 août 2011, il est charmé par la grandeur de l´aéroport de Montréal et par la beauté des paysages en route vers Québec. Et là ça recommence : les démarches pour pouvoir rester et travailler, on connait notre bureaucratie, lui aussi maintenant.
Les gens lui demandent comment il est possible qu´il se rappelle des noms de presque tout le monde, et lui de répondre : « C´est parce que je les visite chez eux, alors je ne les oublie pas ».
En arrivant, il poursuit des études à l´Université St-Paul à Ottawa. C´était un cours pour les prêtres venus d´ailleurs afin de pouvoir travailler au Canada. Il y trouve les outils pour l´aider dans son ministère.
Lors de la tournée des diocèses, à Longueuil en 2011, il rencontre Mgr Lionel Gendron et Claude Hamelin. Claude Hamelin n´était pas Mgr. à l´époque mais lui dit tout de même qu´il a un il sur lui comme pasteur de paroisse. Ce qui se réalisera en 2012 alors que Charles est nommé prêtre collaborateur à la paroisse du Bon Pasteur à Longueuil. En 2017, il est nommé curé de l´unité pastorale du Vieux-Longueuil.
Comme tout nouvel arrivant, il a eu des chocs à vivre : un changement de mentalité, des églises vides, des lieux de cultes mis en vente alors que chez lui on n´arrête pas d´en construire, des célébrations moins vivantes, moins de chants rythmés, pas de danse. Il a vécu un gros processus d´intégration, d´inculturation. Mais il accepte le défi et va de l´avant confiant que jaillira la lumière. Il a les deux cultures, c´est un enrichissement mutuel et les cours à Ottawa ont donné de bons conseils.
Il s´est construit une nouvelle identité, Congolais, Canadien et Québécois, et il poursuit son intégration. Il découvre tout en y uvrant l´Église du Québec qui elle aussi poursuit son cheminement pour devenir une Église reconfigurée.
Marianne Daudelin
Directrice de Chemins de vie
[…] nous avez aussi souligné que La Rencontre témoignage d´octobre, avec le Père Charles Mangongo et celle de 90 minutes avec Michel Racine ont été inspirantes […]