De la souffrance à la bonté
Le cœur contenté, 52 histoires de bonté
Hélène Greffard
Dimanche 18 septembre 2022
14h00 à 16h00
1276 rue Papineau, Longueuil
La bonté existe. Soit. Vérité de La Palice. Mais pourquoi y consacrer un livre ? Pourquoi, en tant qu’étudiant.e, liriez-vous ce livre s’il n’était pas obligatoire ?
De mon côté, mon intérêt pour la bonté ne peut se comprendre qu’en relation avec la souffrance qui m’a préoccupée dès mon plus jeune âge. Car la souffrance aussi existe. Je suis certaine que chacun de vous le sait. D’abord, il y a la souffrance intime. Qui n’a pas traversé des moments difficiles ? Qui ne connait pas un ami anxieux, une autre avec une peine d’amour ou quelqu’un victime de racisme ou toute autre forme d’exclusion ? La liste est longue. Puis il y a les grands malheurs à l’échelle de la planète : dégradation écologique, pandémie et la guerre en Ukraine pour ne parler que de cette dernière. Bref, de quoi nous décourager.
Parfois, on fait le jeu de la souffrance elle-même. On contribue par notre attitude et notre action à l’amplifier, à la perpétuer. C’est l’« œil pour œil, dent pour dent ». C’est la claque de Will Smith aux derniers oscars, l’agression de Poutine en Ukraine. C’est moi qui, l’autre jour, après m’être fait klaxonner à un feu rouge, désire me venger en klaxonnant à mon tour cet « effronté » qui m’avait énervée. Ou parfois, on choisit le repli sur soi, le sauve-qui-peut. Je détourne mon regard de l’itinérant qui quête, je ne salue pas mon voisin qui a l’air triste. Je m’occupe de ma petite affaire.
L’IMPUISSANCE
Tout cela est bien compréhensible. Je sais bien que lorsque nous sommes exposés à la souffrance ambiante, un fort sentiment d’impuissance apparaît. Mais j’ose affirmer ici que nous pouvons quelque chose en ce monde. J’aimerais donc ici partager les tentatives de réponse que j’ai expérimentées.
LA SOLUTION SOCIALE
Dans ma jeunesse, j’ai adhéré à différents idéaux : socialisme, féminisme, nationalisme… Si l’action sociale convient à notre nature, pourquoi pas ? C’est tout à fait légitime, mais l’expérience me montre cependant que les solutions à ce niveau sont certes inévitables, mais limités et, surtout, elles ne donnent pas la clé pour accéder au bonheur auquel les humains aspirent.
Il N’Y A PAS D’ACTION INSIGNIFIANTE
Devenue plus réaliste, j’ai tenté, en tant que travailleuse sociale, d’aider les personnes que j’ai eu le privilège de rencontrer, des centaines de personnes, chacune avec son histoire, son petit ou son gros problème. Mon travail m’a ainsi appris deux choses apparemment contradictoires. La première chose est que mon action est importante car elle a une influence sur l’ensemble. En effet, nous sommes tous reliés et dans le même bateau. Par exemple, si une personne repart apaisée après m’avoir parlé, eh! bien son état affecte sa famille, ses amis, même la commis d’épicerie! Et cette onde continue de se répandre. La deuxième chose est que mon travail m’a appris l’humilité, l’humilité du petit geste, petit sourire, petite sympathie. Ma possibilité est ici, nulle part ailleurs et rien d’autre. Il n’y a donc pas d’action insignifiante.
TÉMOIGNER QUE LA BONTÉ EXISTE
Plus tard, à ma retraite, j’ai senti l’élan de témoigner que la bonté existe, qu’elle est une nécessité vitale, un contrepoids nécessaire à la lourdeur ambiante. Car loin d’être superflue, la bonté a notamment un immense pouvoir de guérison. C’est le sujet de mon livre où on retrouve des exemples ordinaires, accessibles, tout près de nous, histoires qui peuvent nous toucher, nous ravigoter et nous inspirer.
ENCORE PLUS LOIN : DANS NOTRE CŒUR
Finalement, au bout du compte, je comprends maintenant que la bonté ou la haine, la peur ou la confiance, la guerre ou la paix, tout cela commence dans notre cœur.
Essentiellement, pour chacun de nous, il y a un choix à faire : vais-je ajouter de la souffrance ou vais-je contribuer à la diminuer ? Si je choisis cette dernière option et si j’en ai l’intention, un grand champ de possibilités s’ouvre devant moi, à commencer par être bon ou bonne pour moi-même.
Je comprendrai aussi ce que voulait dire l’actrice Susan Sarandon dans le film « La dernière marche » quand elle répond : « L’amour, c’est du travail ». Et de mon côté, peut-être serais-je assez présente pour ne pas suivre l’élan mécanique de colère et ne pas répliquer au prochain chauffeur impatient qui m’aura klaxonnée! Ici au moins, une petite chaîne de souffrance s’arrêtera. Ce sera ma contribution à la paix.
Et ce n’est pas rien. De même, toutes les histoires du livre, y compris celles de rien du tout, valent leur pesant d’or. J’espère que même si vous y êtes « obligés », vous aurez plaisir à les lire.
Originaire de Québec, Hélène Greffard vit à Montréal depuis 1971. Diplômée en service social à l’Université de Montréal, elle a fait carrière comme organisatrice communautaire puis à titre de travailleuse sociale. Elle a œuvré dans différents milieux, notamment auprès des nouveaux arrivants. Elle a fait partie du documentaire « Un coin du ciel » de Karina Gauma, sur le travail du CLSC Parc Extension à Montréal. Hélène Greffard a aussi réalisé trois expositions d’œuvres multimédias en hommage au fleuve Saint-Laurent auprès duquel elle séjourne régulièrement. Elle a publié en 2021 « Le cœur contenté, 52 histoires de bonté » aux Éditions Médiaspaul.
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