Ébranlé, mais non pas écrasé

Ébranlé, mais non pas écrasé

Il y a quelque temps, en rentrant dans la chapelle pour une messe en semaine, je comptai 25 personnes présentes. Ma première réaction a été de demander à  une bénévole d´aller fermer les portes afin que personne d´autre ne puisse accéder à  la célébration. C´était assez ironique puisque deux jours auparavant, j´avais prêché sur l´évangile du roi qui invite les gens aux noces de son fils, mais personne ne s´était présenté (Mt 22, 1-14) 

Depuis mars dernier, je vis toutes sortes d´émotions. Au début durant le confinement, je me suis retrouvé seul mettant même le vicaire en chômage temporaire. Un pasteur sans brebis. Un peu craintif face au danger de la contamination vu mon ge. Incertain de l´avenir de mon Église et de ma société. La prière de l´abandon m´est venue en aide. J´aimais également célébrer seul dans la chapelle « en communion » avec tous les paroissiens, garder contact par téléphone avec les personnes seules ou plus vulnérables.

Il y a eu ensuite une étape de reprise en mains. Il ne fallait pas se laisser faire et laisser toute la place au virus. Ne pas abandonner les membres de la communauté. Avec d´autres, on a cherché des moyens de garder contact avec nos gens, leur assurer un minimum de nourriture spirituelle. On a commencé à  innover, chercher des nouveaux moyens. On a travaillé nos listes de contacts, téléphoné à  des gens pour b tir une liste de courriels, etc. Et puis on s´est lancé. Publication de l´homélie du curé chaque dimanche, formation d´un groupe virtuel de partage biblique, le samedi matin, ZOOM pour le café avec monsieur le curé, envois d´infolettres. L´équipe de la St-Vincent-de-Paul, répondant aux besoins urgents, a accepté (malgré le danger potentiel) de poursuivre la distribution de nourriture à  la banque alimentaire.

Tout cet élan créatif nous a injecté de l´énergie et lorsque les églises ont ENFIN pu rouvrir, nous avons profité du fait que la rue commerciale devant l´église soit devenue piétonnière tout l´été pour ouvrir de nouveau notre église. L´opération « portes ouvertes »a permis aux visiteurs de venir se recueillir, prier ou faire un peu d´adoration. Nous avons même pu offrir à  nos visiteurs, gr ce à  des circonstances imprévues, une exposition remarquable sur TINTIN.

Durant cette période, nous avons complété le travail pastoral interrompu en mars : les premières communions, confirmations de jeunes et d´adultes, célébration des baptêmes, quelques funérailles, les mariages étant presque tous remis à  l´an prochain.

Mais avec le retour aux restrictions (25 personnes), la morosité risque de s´installer de nouveau. Que sera l´année pastorale 2020-2021? Comment allons-nous organiser la catéchèse? Les rencontres de groupes? La Guignolée? L´Avent et surtout les célébrations de NOà‹L? Notre équipe n´a pas de réponse.

On attend de voir ce que la pause des 28 jours d´octobre demandée par le premier ministre va donner comme résultat. Nous ne sommes pas optimistes. Mais chose certaine, on ne reviendra plus jamais comme avant. On ne peut pas se contenter d´attendre que les gens reviennent chez nous. Il faudra trouver des nouveaux moyens de rejoindre les gens qui ont perdu l´habitude de fréquenter l´Église, qui ont peur des rassemblements. Plus que jamais, l´appel du pape François, d´une Église en sortie prend tout son importance.

Laurent Ravenda, curé de la paroisse Notre-Dame-de-la-Trinité, Verdun
22 octobre 2020

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