"Le démantèlement", un film admirable!
Nous étions 12 autour d´une table, 8 femmes et 4 hommes, pour parler d´un film nous ayant procuré une forte émotion. L´échange partait en deux camps distincts : pour les uns, c´était un sentiment d´injustice qui prédominait, et pour les autres, une admiration pour un destin assumé sereinement. Il était d´usage d´entendre chaque version, car un vécu intérieur pouvait soutenir l´une et l´autre tendance.
Le climat fébrile et joyeux favorisait l´apport de remarques justifiées, toujours en lien avec le film. Le drame représenté à l´écran venait faire surgir en chaque personne, avec une poignante vérité, des désirs et des déceptions qui bouleversent l´uvre de toute une vie. Que de tristesses arrivent et chamboulent la fin d´une vie! Et il peut aussi arriver qu´un acte se voulant généreux suscite plutôt de l´incompréhension dans l´entourage immédiat.
Le scénario fictif était d´un réalisme si étonnant que plusieurs cas individuels pouvaient être saisis dans le vécu de tout un chacun. On était porté à compléter les manques du scénario ou à imaginer un meilleur avenir pour le sort des personnages. Cette réaction toute naturelle a pour source intime notre capacité de rebondir dans l´épreuve, face à une situation apparemment sans issue satisfaisante.
Comment évoluer vers un regard intérieur? à la fin du film, les deux figures de Marie et de Frédérique, les deux filles incarnant le conflit au cur du père éploré, sont présentées l´une après l´autre en silence, immobiles et reflétant l´amour fou de leur père. C´est l´énigme des regards lancé aux spectateurs, comme si l´amour incompréhensible était un appel infini.
Une joie peut-elle être perceptible en tant que message du film? Oui, certains membres du groupe semblaient la deviner. Mais quel paradoxe que cette joie dans la tristesse! C´est pourquoi le mystérieux texte des béatitudes (en Matthieu 5, 1-12) fut une référence suggérée pour réfléchir encore sur ce film.
Gilles Guérard
29 novembre 2013, Longueuil