Silence, on meurt !

Ceci n´est pas un plaidoyer pour l´aide médicale à  mourir. Je ne veux nullement me ranger du côté des «  pros  » ni du côté des opposants. Je veux seulement partager une expérience vécue cet été qui m´a profondément troublée.

Ma voisine atteinte de sclérose latérale amyotrophique (SLA),  à  un stade très avancé, a choisi de mourir le 2 août dernier, à  12 h 30, dans sa cour, entourée des siens. Elle nous a invités, mon mari et moi, à  y assister. Personnellement, j´ai reçu cette invitation comme un cadeau généreux, une marque d´ouverture et de confiance qui m´est allée droit au cœur.

Nous nous sommes présentés une couple d´heures avant l´arrivée du médecin. Je ne connaissais personne d´autre que ma voisine, mais un lien profond nous unissait dans le partage de souvenirs, dans les rires, dans les attentions que nous portions à  celle qui allait nous quitter.

Madame a pris le temps d´aller vers chacune des personnes présentes pour lui faire ses adieux. Elle a ensuite suivi du regard chacun des ballons lancés dans le ciel qui, selon ses dires, lui ouvraient le chemin vers l´au-delà . Le rituel d´adieu étant terminé, résolument, elle est allée s´asseoir dans sa balançoire sous les arbres; l´heure était venue.

Le médecin lui a réitéré la demande de consentement. Il a accueilli son «  high five  » en guise de réponse et, à  l´intention des témoins, elle a écrit sur sa tablette  : «  Je suis plus que prête. Au revoir !  » La première injection l´a endormie. Après la deuxième, nous avons observé les mouvements de respiration s´affaiblissant jusqu´à  s´éteindre. Pour les observateurs, la troisième injection n´apportait rien de plus. Notre amie était déjà  partie.

Durant « les soins de fin de vie », tous les yeux et les cœurs étaient tournés vers notre amie. Un profond silence de communion et de compassion laissait place au mystère, ouvrait au sacré.

Ceci n´est pas un plaidoyer pour l´aide médicale à  mourir. Ceci est un témoignage de gratitude et d´action de gr ce pour cette expérience vécue.

Yvonne Demers

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